24/06/2009

Transversales alpines et concurrence interrégionale


La presse vient de l'annoncer (Sonntag du 21 juin, Le Temps du 22 juin): début juillet 2009, le canton de Berne tournera le dos à la Suisse alémanique pour former, avec les cantons romands de Suisse occidentale (y compris les cantons bilingues de Fribourg et du Valais), une seule région à promouvoir sous un seul nom comme marché unifié pour les entreprises multinationales, les investisseurs et d'autres cibles susceptibles d'apporter quelque chose ! Voilà une réponse surprenante à l'espace métropolitain Zurich (Metropolitanraum Zürich) qui regroupe, avec le même objectif, les cantons de Zurich, Saint-Gall, Luzerne, Argovie, Thurgovie, Schwyz, Zoug, Schaffhouse... Ces collaborations risquent-elles d'entériner la barrière de la roesti, même si on ne l'attendait pas forcément entre Berne et Argovie, mais plus à l'ouest ? Quelles sont les conséquences de telles collaborations, non seulement économiques mais aussi politiques (par exemple autour de Zurich), pour le respect du fédéralisme suisse ? Comment légitimer en démocratie directe les acteurs actifs au niveau intercantonal ? Que deviendront les cantons à l'écart, tels que Jura, Soleure, les deux Appenzell, Glaris, les autres cantons de la Suisse centrale, les Grisons ? - Autant de questions qui attendent une réponse.

Petit détail cocasse : la date pour la présentation de l'espace métropolitain zurichois était fixée au 3 juillet. Les cantons occidentaux ont-ils cru pouvoir les prendre de vitesse en annonçant la création de leur alliance pour le 2 juillet 2009 ?

On peut soulever un point remarquable, en ce qui concerne la géographie suisse : bien loin de fonctionner comme symbole unificateur éternel et gage mythique de la cohésion et de l'unité suisses, les Alpes sont actuellement en train de déchirer le pays en deux parties, l'une qui se regroupe autour de l'axe du Loetschberg, l'autre autour du Gothard. Il est vrai qu'on ne traverse en général pas les Alpes dans le sens Est-Ouest (sauf pour des raisons touristiques avec le Glacier Express), la demande de cohésion est plus grande entre le Nord et le Sud, pour des raisons économiques évidentes, parce que c'est là que ce situent les zones avec la population la plus dense et les plus productives.

(© Université de Lausanne pour l'illustration, www.unil.ch).

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