Lors de sa conférence dans le cadre de la clôture de ce 4e tableau de la Suisse, Mme Meyer-Kaelin nous brosse un rapide portrait de la question linguistique au sein de la Confédération, notamment dans l'administration et dans les commissions. « Pour qu'un conseiller national soit compris par le reste du plenum, il doit pouvoir s'exprimer en allemand, sinon, une majorité des conseillers ne prendront même pas la peine de l'écouter. » Ensuite, elle nous rappelle que le romanche n'est pas une langue officielle, et qu'il n'est donc pas obligatoire de diffuser toute l'information au quotidien dans les quatre langues du pays, mais seulement en allemand, français et italien, à l'exception des textes officiels de l'administration et des autorités.
Mme Meyer-Kaelin a grandi dans un monde où le chant et le patois ne sont pas absents, car elle est la nièce d'un grand compositeur suisse, Pierre Kaelin. Cela fait plus de 30 ans qu'elle chante dans la même chorale avec toujours autant de plaisir. Elle est également proche de M. Placide Meyer, président de la société cantonale des patoisants, via la famille de son mari, ce qui fait d'elle une parfaite Gruyérienne dans l'âme.
En tant que conseillère nationale, ainsi qu'en tant que 1re citoyenne de Suisse en 2005, elle tente de promouvoir l'égalité des langues nationales au sein des commissions, ainsi que dans toute la Suisse. Selon elle, il est important de respecter les communautés de langue étrangère vivant en Suisse, tout en les encourageant à apprendre au moins la langue nationale parlée dans leur lieu de résidence.
Quand on lui parle d'anglais, Mme Meyer-Kaelin est très claire: il ne sera jamais question d'en faire la 5e langue nationale de Suisse! Par contre, elle ne considère pas que l'anglais soit une menace pour le multilinguisme helvétique. En effet, « l'anglais que nous parlons en Suisse correspond davantage à un lexique contrôlé, dont l'usage se résume au monde de l'entreprise, de la recherche et des banques. Nous n'utilisons pas l'anglais pour nous approprier la culture ou la pensée anglaise».
S'il est obligatoire, pour les étudiants de HES-SO, de choisir dans leur cursus l'anglais comme langue étrangère parmi celles proposées, Mme Meyer-Kaelin est scandalisée que ceux-ci ne puissent participer au cours d'italien, pour autant qu'ils n'aient jamais reçu aucun enseignement en allemand durant la maturité. « C'est un parfait exemple de discrimination d'une langue nationale. Chacun doit pouvoir choisir quelle langue nationale il souhaite apprendre, même s'il est déjà en train d'en apprendre une. »
(Portrait rédigé par Antoine Jaquenoud)
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