…est depuis 20 ans le maire de Bienne et le restera jusqu’à la fin de cette année. Il est également conseiller national. Sa démission du poste de maire, annoncée récemment, ainsi que la démission du conseiller fédéral Leuenberger, font de M. Stöckli une personne très présente dans les médias – et très demandée dans sa ville, comme nous avons pu le constater : Lukas et moi avons dû aller le chercher au bout de la rue du général Dufour, à deux pas du restaurant Haudenschild où nous nous étions donné rendez-vous. Le maire avait prononcé un discours à l’occasion de l’ouverture du festival d’échecs de Bienne.
La lutte fut dure (et non violente), mais nous parvînmes à libérer M. Stöckli des griffes des journalistes agglutinés autour du magistrat et décidés à ne pas lâcher prise avant de l’entendre se porter candidat au Conseil fédéral. Sur le chemin du restaurant, le maire de Bienne, accompagné de son escorte, entra tout d’abord dans le mauvais restaurant, un restaurant où se trouvait Parzival, un autre célèbre Biennois, trilingue allemand-français-espéranto (au moins).
Monsieur Stöckli est venu nous présenter le bilinguisme dans « sa » ville. Précisons tout de suite qu’il s’agit d’un bilinguisme français – SUISSE-allemand : l’exposé faisait de constants aller-retour entre les deux langues, mais le maire s’est refusé à parler le ‘ochdeutsch. Précisons aussi – encore une fois – que la Suisse est un pays démocratique et qu’il n’y a donc pas de « maître de ville » [Bürgermeister], mais uniquement des présidents de ville [Stadtpräsident] – aussi appelé maire en français.
Pendant de nombreux siècles, Bienne était une ville (disons plutôt un village) uniquement germanophone. Tout changea au XIXe siècle, lorsque les édiles de la ville décidèrent d’encourager l’implantation d’ouvriers horlogers en provenance du Jura en leur accordant des réductions d’impôts. Cette décision eut une influence décisive sur le développement ultérieur de la ville, puisqu’elle marqua le début de l’industrie horlogère à Bienne.
La part de francophones augmenta continuellement à Bienne, pour atteindre aujourd’hui 28 % de la population et même 40 % si l’on tient compte uniquement des germanophones et des francophones. Environ 15 % de ceux dont la première langue est l’allemand sont bilingues ; chez les francophones, un tiers est bilingue.
La ville de Bienne et son maire accordent beaucoup d’importance au bilinguisme : sur les 120 millions du budget de la ville, sept sont consacrés à la traduction. Bienne subventionne notamment le forum du bilinguisme, créé à l’initiative du maire, qui réunit des personnes désireuses de perfectionner une langue étrangère en échange de leur langue maternelle. La combinaison la plus fréquente est français-suisse allemand, mais toutes les langues possibles sont imaginables.
L’industrie horlogère est toujours très importante à Bienne. Malheureusement, au début du XXIe siècle, le groupe Swatch a pris la décision d’abandonner une de ses langues de travail – le français. Aujourd’hui, l’unique langue de travail de cette entreprise est l’anglais.
Monsieur Stöckli était très proche de Nicolas Hayek. Après la mort subite de ce dernier, de nombreux médias ont diffusé des interviews du maire de Bienne, d’où il ressortait que les deux hommes collaboraient très étroitement et avaient un profond respect l’un pour l’autre. Nous avons donc demandé à Hans Stöckli s’il avait tenté de faire changer d’avis les dirigeants de Swatch. Malgré son engagement pour le bilinguisme, M. Stöckli a dû admettre qu’il n’avait guère fait plus qu’évoquer la question auprès des responsables.
Nous l’avons dit, le maire de Bienne est actuellement très occupé. Il est donc parti immédiatement après son discours sans nous laisser le temps de lui poser davantage de questions. Mais gageons qu’après vingt ans, le rapport entre une ville et son maire est tellement fusionnel que décrire la ville, c’est décrire le maire !
Mir wünsche am Stöckli viu Glück für ids Stöckli oder i Bundesrat ! Und meh Zyt !
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